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Déontologie

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Vie privée01/02/2003 Code de document: a100003
Médecine préventive - Dépistage de masse

Une asbl soumet au Conseil national un projet concernant la sensibilisation de la population au "risque cardiovasculaire absolu" par un test effectué à l'aide d'un appareil scientifiquement validé et d'un programme informatique de calcul du risque. Ce projet est organisé sans la présence de firmes pharmaceutiques. Le but est de renvoyer systématiquement les gens à leur médecin généraliste.

Avis du Conseil national :

A plusieurs reprises, le Conseil national a exprimé son intérêt pour les campagnes de sensibilisation de la population à des problèmes de santé, et a exprimé son soutien à certaines de ces initiatives.

Le Conseil national ne peut cependant se rallier à votre projet tel que décrit et ce pour les raisons suivantes.

Un test prédictif doit être réalisé dans les conditions de fiabilité scientifique les plus grandes, pour éviter d’alerter ou de rassurer à tort les participants. Le dosage extemporané des lipides sanguins et de la glycémie chez des sujets non préparés ne paraît pas répondre à ce critère.

La transmission d’un résultat qui peut être alarmant ne peut se faire qu’avec un encadrement permettant de le nuancer et de discuter les mesures diagnostiques et thérapeutiques à prendre. Ce support ne paraît pas assuré dans votre projet.

Il ne convient pas qu’un tel dépistage soit réalisé à l’insu et en l’absence de participation du médecin traitant.

De plus, le projet ne garantit pas l’anonymat des participants et de leurs données.

Responsabilité du médecin30/10/1999 Code de document: a087010
Défibrillateur semi-automatique

Par l'intermédiaire d'un Conseil provincial, le Conseil national reçoit une demande d'avis d'une firme à propos d'un défibrillateur semi-automatique pouvant être utilisé sur les lieux de travail par du personnel n'ayant pas de formation explicitement médicale.

Cette firme s'inquiète sur plusieurs points :

  • l'appareil "peut être utilisé par une personne n'ayant pas de formation explicitement médicale";
  • "cet appareil donne à la personne qui le manipule des instructions verbales courtes et précises …";
  • quid de la personne qui serait formée par les soins du fournisseur du défibrillateur si cette personne n'utilise pas ledit appareil pendant plusieurs mois ?

Ne risquerait-on pas de tomber sous le coup de la législation relative à l'exercice illégal de l'art de guérir dans le chef de la personne préposée ?

Réponse du Conseil national :

Le Conseil national a, en sa séance du 25 septembre 1999, examiné votre demande du 27 mai 1999 relative à l'utilisation sur les lieux de travail d'un défibrillateur cardiaque semi-automatique par du personnel n'ayant pas de formation explicitement médicale.

Le fait de confier cet appareillage et son utilisation à de fins de réanimation à du personnel non médical soulève, sur le plan déontologique, le problème général de la délégation d'actes médicaux .

Le Conseil national confirme que doivent être observés les principes énoncés dans son avis du 17 novembre 1990 publié au Bulletin du Conseil national n° 51, p. 30, à savoir :

- la délégation doit être décidée par un médecin ou une équipe médicale compétents qui en auront soigneusement évalué l'intérêt scientifique ainsi que les risques, avantages et inconvénients éventuels pour le malade. Ce médecin, ou cette équipe , doit être à même de revoir à tout instant sa position à cet égard ainsi que la délégation qui en découle.

- l'enseignement et la formation nécessaires des auxiliaires au diagnostic et à la réalisation de l'acte en question doivent être établis par des responsables, médecins ayant compétence en ces matières et être réalisés soit par eux-même soit sous leur contrôle réel et efficace.

- la responsabilité finale des actes médicaux accomplis par des auxiliaires doit être portée par un médecin déterminé qui disposera à cet effet de l'autorité et des moyens de contrôle régulier nécessaires. Ce contrôle peut être assuré par une structure médicale à laquelle ou dans laquelle le médecin responsable est attaché ou intégré.

Si ces conditions sont respectées, nous ne voyons pas d'objection sur le plan déontologique.

Responsabilité du médecin17/11/1990 Code de document: a051008
Défibrillation précoce

Défibrillation précoce.

Un hôpital universitaire a sollicité l'avis de son Conseil provincial de l'Ordre quant à la possibilité de laisser pratiquer la technique de la défibrillation semi‑automatique précoce par des ambulanciers (voir Bulletin n 50, p. 33).

Après échange de vues, le projet d'avis, proposé par un conseiller, est adopté.

Avis du Conseil national :

Nous avons bien reçu votre lettre du 26 juin 1990, ainsi que ses annexes, concernant la défibrillation cardiaque semi‑automatique confiée à des ambulanciers.

Il semble en premier lieu que la thérapeutique en question se base sur des arguments médicaux et scientifiques bien établis par des équipes médicales compétentes, tant sur le plan national qu'international, et dont l'aspect expérimental a été avalisé par la Commission d'Ethique de l'Hôpital Universitaire St Pierre à Bruxelles.

Le fait de confier cet appareillage et cette technique de réanimation à des ambulanciers soulève, sur le plan déontologique, le problème général de la délégation d'actes médicaux à des auxiliaires, délégation par ailleurs de plus en plus fréquente et concernant parfois des actes impliquant une haute technicité et non sans risques pour le malade.

Nous estimons que les principes suivants doivent être observés :

  • la délégation doit être décidée par un médecin ou une équipe médicale compétents qui en auront soigneusement évalué l'intérêt scientifique ainsi que les risques, avantages et inconvénients éventuels pour le malade. Ce médecin, ou cette équipe, doit être à même de revoir à tout instant sa position à cet égard ainsi que la délégation qui en découle.

  • l'enseignement et la formation nécessaires des auxiliaires à l'acte en question doivent être établis par des responsables médecins et être réalisés par des médecins ou du moins sous leur contrôle réel et efficace.

  • la responsabilité finale des actes médicaux accomplis par des auxiliaires doit être portée par un médecin déterminé qui disposera à cet effet de l'autorité et des moyens de contrôle régulier nécessaires. Ce contrôle peut être assuré par une structure médicale à laquelle ou dans laquelle le médecin responsable est attaché ou intégré.

Si ces conditions sont respectées, nous ne voyons pas d'objection sur le plan déontologique.

Chirurgie01/01/1977 Code de document: a026032
Chirurgie cardio-vasculaire et les témoins de Jéhovah

CHIRURGIE CARDIO‑VASCULAIRE ET LES TEMOINS DE JEHOVAH

Le Conseil national, comme les Conseils provinciaux, a été, à plusieurs reprises confronté avec le problème de transfusions de sang chez les Témoins de Jéhovah.

Il croit intéressant de publier, à titre documentaire, un rapport américain concernant la chirurgie cardio‑vasculaire chez des Témoins de Jéhovah.

RAPPORT SUR 542 OPERATIONS SANS TRANSFUSION DE SANG

David A. Ott, Denton A. Cooley, Docteurs en médecine.

- Les témoins de Jéhovah dont l'état nécessite une opération posent un problème particulier aux médecins à cause de leur refus de recevoir toute transfusion de sang. Nous rapportons notre expérience de 20 ans avec une série de 542 témoins de Jéhovah dont l'âge varie entre 1 jour et 89 ans, et qui ont subi une opération. La mortalité précoce (dans les 30 jours de l'opération) a été de 9,4%. Chez 362 patients ayant nécessité une circulation extra-corporelle, cette mortalité a été de 10,7 %. Chez 126 malades qui ont subi un remplacement valvulaire simple ou double, la mortalité a été de 13,5 %. Dans les cas de remplacement valvulaire aortique ou de fermeture d'une communication inter‑ventriculaire, les seuls décès sont attribuables à des complications pré‑existantes à l'opération. Une anémie pré‑ ou post‑opératoire a été un facteur précipitant dans 12 décès, et une perte de sang a été la cause directe de 3 décès. Les opérations cardio‑vasculaires peuvent être pratiquées en toute sécurité sans transfusion sanguine.
(JAMA 238: 1256‑1258, 1977)

Dans le passé, les patients qui refusaient des transfusions sanguines pour des motifs religieux étaient souvent privés du bénéfice d'un traitement chirurgical. En 1964, nous avons rapporté la première opération à coeur ouvert chez un témoin de Jéhovah. Alors que d'autres chirurgiens avaient pratiqué des interventions chez ces patients, peu de cas ont été rapportés dans la littérature médicale (*). C'est pourquoi nous estimons qu'un rapport de notre expérience est justifié. Une analyse rétrospective a été faite, de 542 patients qui, depuis 1957, ont subi des interventions cardio-vasculaires sans transfusion de sang, au Texas Heart Institute.

CONSIDERATIONS TECHNIQUES

Chez chaque patient, on a appliqué la technique chirurgicale la plus simple, avec une hémostase soignée. L'opération chez des patients devant subir une circulation extra‑corporelle a été pratiquée dans des conditions d'hypothermie systématique modérée, ou normothermique. On a utilisé des oxygénateurs à bulles qui ont tous été amorcés avec un volume de 20 à 30 ml/kg de lactate de Ringer. Le débit délivré par la pompe atteignait en moyenne 40 à 100 ml/min/kg. Avant le retrait de la canule aortique, tout le sang restant dans le circuit extra‑corporel a été rendu au patient. On n'a pas ajouté de sang, ni avant, ni pendant, ni après l'opération; aucun dérivé du sang, à savoir plasma, plaquettes, fibrinogène, albumine ou cryoprécipité n'ont été administrés. On n'a utilisé des solutions crystalloïdiennes que pour remplacer le volume manquant. On n'a pas utilisé de dextran à cause des effets néfastes que l'on connaît sur l'hémostase, mais on a généralement administré du dextran + fer (Imferon) en injection avantl'intervention afin de stimuler l'érythropoièse.

DONNEES CLINIQUES ET RESULTATS

De 1957 à 1977, 542 patients, dont l'âge variait de 1 jour à 89 ans, ont subi des interventions importantes sans transfusion sanguine. La mortalité précoce globale (dans les 30 jours suivant l'opération) a été de 9,4 % (51 décès). 362 patients ont subi une circulation extra‑corporelle et la mortalité précoce a été de 39 décès, c'est‑à‑dire 10,7 %. Une intervention cardiaque sans circulation extra‑corporelle a été pratiquée chez 75 patients, avec 7 décès précoces (9,3 %). Une intervention non cardiaque a été pratiquée chez 105 patients, avec 5 décès précoces (4,8 %).

Parmi les 67 patients ayant subi un remplacement valvulaire aortique, la mortalité globale a été de 14,9 % (10 patients). Des facteurs anatomiques ou physiologiques importants ont influencé le résultat final dans ces 10 décès. Trois de ces patients ont nécessité une circulation extra‑corporelle pour la seconde fois; chez un des trois patients, on a réalisé un shunt aorto‑coronnarien simultané. Un des trois patients avait arrêté de prendre des anti-coagulants et présentait un oedème pulmonaire aigu et de l'hypotension. Elle a subi une ré‑intervention d'urgence pour une thrombose valvulaire aiguë. Deux patients presque moribonds souffraient d'endocardite bactérienne aiguë, nécessitant une intervention d'urgence. Avant l'opération, un de ces patients était en anurie et l'autre présentait un taux d'hémoglobine de 6,5 gr/dl. Deux des patients ayant subi une résection simultanée d'un anévrisme de l'aorte ascendante sont décédés; chez 3 patients, on réalisa la fermeture d'une communication inter‑ventriculaire au moment du remplacement de la valve aortique. Il n'y eut pas de décès chez les patients qui ont subi un remplacement de la valve aortique pour un défaut de celle‑ci, sans complications.

Chez 43 patients qui ont subi le remplacement de valves mitrales, la mortalité a été de 11,6 % (5 patients). Un décès a été causé par une embolie cérébrale et un autre par un infarctus myocardique post‑opératoire. Un patient fit brusquement un arrêt cardiaque, le 8ème jour après l'opération, et un autre mourut de complications d'hypertension pulmonaire. Une hémolyse importante s'est développée chez la 5ème patiente, suite à une annuloplastie mitrale nécessitant le remplacement d'une valve mitrale d'urgence. Elle décéda finalement d'une insuffisance rénale.

Seize patients ont subi dans le même temps le remplacement de valves mitrale et aortique simultané, avec une mortalité précoce de 12,5 % (2 patients).

Le shunt aorto‑coronnarien, accompagné ou non de la résection d'un anévrisme ventriculaire gauche, a été réalisé chez 123 patients, avec une mortalité de 6,5 %. Des 8 patients qui sont morts, trois d'entre eux avaient subi une résection simultanée d'un anévrisme ventriculaire gauche. Un arrêt cardiaque s'est produit chez une patiente au cours du cathétérime cardiaque, et elle fut transférée en salle d'opération alors qu'elle était soumise à une réanimation cardio‑pulmonaire. Elle est morte après shunt aorto‑coronnarien. Deux patients sont morts après infarctus du myocarde. Deux autres sont morts en salle d'opération: I'un de fibrillation ventriculaire rebelle et l'autre d'un choc cardiogénique.

La mortalité chez 25 patients ayant subi une commissuretomie mitrale ouverte a été de 8 % (2 patients). L'un est mort à la suite d'une défaillance cardiaque congestive aiguë, et chez l'autre se développa une diathèse hémorragique d'étiologie inconnue. Il n'y eut aucun décès chez les 25 patients qui avaient subi une fermeture d'une communication inter‑ventriculaire non compliquée. Deux patients sur 15 moururent après une correction complète de la tétralogie de Fallot. Une pneumonie de déglutition causa la mort d'un patient. Chez l'autre, âgé de 24 ans, on pratiqua la fermeture simultanée d'un shunt aorte ascendante‑artère pulmonaire droite. L'artère pulmonaire était friable et le patient succomba à une perte de sang.

Sept décès se produisirent parmi les 75 patients qui subirent diverses interventions cardiaques ne nécessitant pas une circulation extra‑corporelle cardio‑pulmonaire. La mortalité opératoire a été de 9,3 %. 105 patients subirent une série d'interventions non cardiaque, avec une mortalité de 4,8 %.

COMMENTAIRE

En 1881, un tailleur de Pennsylvannie, Charles Russel, fonda le «Watchtower Bible and Tract Society», une extension du groupe local d'étude de la Bible. Grâce au travail d'évangélisation de ses successeurs et à un volume prodigieux de publications, ce mouvement religieux a connu une croissance phénoménale. Plus de 2 millions de personnes dans 210 pays pratiquent cette religion. En 1951, les membres se donnèrent le nom de Témoins de Jéhovah, se basant sur le passage de la Bible suivant: «Vous êtes mes témoins, dit Jéhovah» (Isaïe, 43:10).

La secte est de nature «fondamentaliste»: nombre de ses règles se basant sur une interprétation littérale des Ecritures. Leur doctrine à propos des transfusions sanguines est précisée dans une publication «Sang, Médecine et Loi de Dieu», qui se réfère à des passages bibliques tels que celui‑ci:

La vie de toute chair, c'est son sang, et j'ai dit aux enfants d'lsraël: «Vous ne mangerez du sang d'aucune chair car la vie de toute chair, c'est son sang, et quiconque en mangera sera supprimé.» (Lévitiques 17:14)

D'après leurs croyances, recevoir du sang ou un dérivé du sang prive l'individu de la résurrection et du salut éternel. Les témoins de Jéhovah sont sincères et inébranlables dans leur refus de recevoir du sang. Les implications médico‑légales et éthiques d'une telle philosophie ont été largement discutées. (2)

Le chirurgien qui accepte de soigner un témoin de Jéhovah devrait respecter ses convictions religieuses ou bien l'envoyer chez un confrère.

Notre expérience nous a montré que ces patients étaient coopérateurs aussi longtemps que leurs normes en matière de chirurgie étaient respectées. Malgré le caractère litigieux de notre société, aucune plainte n'a été introduite, à notre connaissance, contre un médecin pour ne pas avoir donné du sang à un témoin de Jéhovah. Nous estimons que le patient devrait avoir le droit de décider lui‑même et que le médecin a le devoir moral de respecter les désirs de son patient. Nous n'avons jamais violé l'accord fait avant l'opération, selon lequel il n'y aura pas de transfusion sanguine, quelles que soient les circonstances ou les besoins.

Quand il s'agit d'enfants, la question doit être envisagée de manière plus attentive. Si l'on prévoit une perte de sang massive, il est déconseillé d'opérer. Si l'intervention est simple, comme la fermeture d'un canal artériel, d'une communication inter‑auriculaire, d'une communication inter‑ventriculaire, on ne rencontre généralement pas de difficultés. Mais chez les enfants présentant de plus graves anomalies, comme la transposition des grands vaisseaux ou la tétralogie de Fallot, la décision opératoire est plus difficile à prendre.

Dans ce groupe de patients, 3 des 51 décès ont été directement causés par une perte de sang. L'anémie post‑opératoire a été un facteur précipitant dans 12 autres décès. Notre expérience confirme que les patients qui refusent une transfusion sanguine pour des motifs religieux peuvent néanmoins subir des interventions cardio‑vasculaires importantes avec un risque relativement peu élevé.

***

(1)
(*) Sandiford F.M., Chiariello L., Hallman G.L., et al.: Aortocoronary bypass in Jehovah's Witnesses: Report of 36 patients. J. Thorac Cardiovasc. Surg. 68:1‑7, 1974.
(*) Zaorski J.R., Hallman G.L., Cooley D.A.: Open heart surgery for acquired heart disease in Jehovah's Witnesses: A report of 42 operations. Am J. Cardiol 29: 186‑189, 1972.
(*) Simmons C.W. Jr, Messmer B.J., Hallman G.L., et al.: Vascular surgery in Jehovah's Witnesses. JAMA 213:1032‑1034, 1970.
(*) Cooley D.A., Bloodwell R.D., Beall A.C. Jr, et al.: Cardiac valve replacement without blood transfusion. Am J. Surg. 112:743‑751, 1966.

(2)
(*) Schechter D.C.: Problems relevant to major surgical operations in Jehovah's Witnesses. Am J. Surg. 116:73‑80, 1968.
(*) Gardner B., Bivona J., Alfonso A., et al.: Major surgery in Jehovah's Witnesses. NY State J. Med. 76:765‑767, 1976.
(*) Winters R.G., Dornette W.H.: Jehovah's Witnesses and consent. J. Legal. Med. 2:9, 1974.
(*) Fitts W.T., Orloff M.J.: Blood transfusion and Jehovah's Witnesses. Surg. Gynecol Obstet 108:502‑512, 1959.