keyboard_arrow_right
Déontologie

Traitement de l'obésité

"Devant l'efflorescence des enquêtes disciplinaires concernant le traitement de l'obésité", un Conseil provincial propose au Conseil national de prendre des directives générales à adresser à tous les Conseils provinciaux de l'Ordre.

Avis du Conseil national:

Le Conseil national est d'avis qu'il ne lui est pas possible de rédiger un article qui couvrirait l'ensemble des traitements de l'obésité.

Il a décidé d'adresser à tous les Conseils provinciaux une copie de l'avis du 29 juin 1991 des Académies royales de Médecine relatif à des prescriptions effectuées dans le cadre de cures d'amaigrissement.

Il rappelle qu'il appartient aux conseils provinciaux de juger les cas concrets et de voir s'il y a abus de la liberté thérapeutique. (Avis des Académies: voir ci-dessous "Cures d'amaigrissement")

Cures d'amaigrissement

Un Conseil provincial estime que le Conseil d 'appel a outrepassé sa compétence en faisant état de considérations thérapeutiques lors d'un jugement rendu à charge d'un médecin en matière de prescriptions de médicaments amaigrissants au cours d'un traitement de l'obésité.
Le Conseil national a demandé aux Académies de médecine de préciser leur avis du 27.11.82. Cet avis considérait "dangereuse" "I'association fixe contenant au moins deux des quatre substances suivantes: un dérivé thyroïdien, un tranquillisant ou un somnifère, un anorexigène, un diurétique", et demandait au département de la Santé publique d'interdire de telles associations.

Le Conseil prend connaissance du nouvel avis des Académies et décide de le communiquer aux Présidents des Conseils provinciaux. Il estime d'autre part que le Conseil d'appel en cause a outrepassé sa compétence.

Lettre au Conseil d'appel d'expression néerlandaise:

Le Conseil national a pris connaissance en sa réunion du 14 septembre 1991 d'une lettre du Conseil provincial de Flandre orientale concernant des prescriptions dans le cadre de cures d'amaigrissement.

Le Conseil renvoie à une décision rendue par le Conseil d'appel, le 5 novembre 1990, à charge du Docteur X.

Cette décision porte le passage suivant: "étant donné que, mis à part un régime strict et de l'exercice physique, il n'existe pas de thérapie idéale en matière d'obésité, il est conseillé au Docteur X de continuer à actualiser ses connaissances médicales à ce sujet et d'observer entre temps, la plus grande prudence; sauf nécessité absolue, il convient certainement d'éviter de prescrire un anorexigène à des adolescents de moins de seize ans".

Le Conseil national estime que ces considérations ne sont pas de la compétence du Conseil d'appel, et qu'elles relèvent plutôt du domaine et de la compétence des Académies de médecine.

Lettre aux Présidents des Conseils provinciaux et avis des Académies:

Le Conseil national a l'honneur de vous communiquer l'avis du 29 juin 1991 des Académies royales de Médecine relatif à des prescriptions effectuées dans le cadre de cures d'amaigrissement.

Il appartient au Conseil provincial de juger les cas concrets et de voir s'il y a abus de la liberté thérapeutique.

Rapport des Académies Royales de Médecine relatif à des prescriptions effectuées dans le cadre de cures d'amaigrissement

En réponse à une demande formulée en 1982 par le Docteur ROMBOUTS, Directeur de l'Administration de l'Art de Guérir, la Commission mixte des deux Académies Royales de Médecine estime que "dans le cadre d'une cure d'amaigrissement, l'association fixe contenant au moins deux des quatre substances suivantes:

  • un dérivé thyroïdien,
  • un tranquillisant ou somnifère,
  • un anorexigène,
  • un diurétique,

est dangereuse. En raison de ce danger et de l'absence d'indication thérapeutique de telles associations, les Académies Royales de Médecine proposent au Département de la Santé publique de les interdire".
Aux demandes d'éclaircissements de cet avis, les 20 février et 29 mai 1991, par le Président du Conseil national de l'Ordre des médecins, la même Commission mixte estime que cette proposition d'interdiction est toujours valable et est motivée par les considérations suivantes.

1° Sauf dans un cas limité spécifié ci après, les substances mentionnées ci dessus, prescrites séparément, ne sont pas nécessairement indiquées dans le traitement de l'obésité.

  1. En ce qui concerne les dérivés thyroïdiens, il est évident qu'un gain de poids peut être observé dans l'hypothyroïdie; dans ce cas, une préparation thyroïdienne, peut être prescrite comme traitement du déficit hormonal. Le gain de poids en est corrigé. Ce cas mis à part, l'usage des dérivés thyroïdiens est à proscrire, l'argument suivant lequel aucun effet secondaire ne peut être observé pour de faibles doses n'a pas de sens; bien sûr, de telles doses sont elles sans danger mais aussi sans effet... Dès qu'une dose présente quelqu'action sur le métabolisme, des effets secondaires sont possibles.

  2. En ce qui concerne les tranquillisants et les somnifères, il se peut qu'une personne obèse ait besoin d'une telle médication. Celle ci, qui n'a rien à voir avec le traitement de l'obésité, sera nécessairement de courte durée, étant donné le danger de dépendance qu'elle peut créer, indépendamment de la substance utilisée. De plus, certains tranquillisants pourraient réprimer la sensation de satiété.
    Il va de soi que d'autres psychotropes (par ex., les neuroleptiques, les antidépresseurs, les IMAO...) que l'on trouve également dans certaines associations fixes ne sont indiqués que si une affection psychiatrique a été dûment diagnostiquée.

  3. En ce qui concerne les anorexigènes, ceux ci peuvent dans des cas bien précis, être indiqués chez les obèses durant une courte période et combinés avec d'autres facteurs, tels que diète et psychothérapie. Ce traitement doit se faire sous une surveillance médicale attentive notamment en raison des risques qu'il fait courir chez les patients souffrant d'hypertension artérielle.

  4. Quant aux diurétiques, ils n'ont pas de place dans le traitement de l'obésité. Dans les premiers jours, ils provoquent bien une perte de poids de quelques kilos par déshydratation, mais en arrêtant la prise de diurétiques, cette même quantité d'eau éliminée est retenue par l'organisme et la diminution de poids disparaît. En outre, aux doses nécessaires pour provoquer une perte d'eau, tous les diurétiques ont des effets secondaires métaboliques. Mais il va de soi qu'un patient obèse souffrant d'hypertension artérielle ou d'insuffisance cardiaque peut être traité par un diurétique.

2° Alors que certaines substances susmentionnées peuvent, dans des cas précis, être utilisées chez les obèses, la prescription combinée de plusieurs de ces agents n'a aucun sens. Bien sûr si, à un moment donné, une personne a besoin, par exemple, de deux de ces quatre agents, ce traitement ne se fera pas en association fixe, du fait que le rythme d'administration de chacune de ces substances est totalement différent et que chaque dose doit être calculée indépendamment. Si par exemple, un patient souffre d'hypothyroïdie et est traité par un dérivé thyroïdien, il se pourrait qu'il ait besoin en même temps d'un diurétique: aucun médecin sérieux ne pensera à associer dans une même forme pharmaceutique un dérivé thyroïdien et un diurétique.
Si un patient, traité par un dérivé de la thyroïde pour cause d'hypothyroïdie, a besoin occasionnellement d'un somnifère durant une courte période, il ne prendra ce somnifère qu'à un moment bien précis de la journée, par exemple, avant de s'endormir (ce d'ailleurs pourquoi ce médicament a été conçu).

3° Un traitement pour obésité ou amaigrissement ne peut être prescrit que s'il est précédé et suivi d'un traitement psychologique, accompagné de conseils diététiques; il est impératif de tenir compte de l'âge, du poids et du sexe du patient.